Re: A la découverte des circuits de légende: Barcelone - Montjuïc

[Critérium]

Un suivi attentif de ces images m'oblige à corriger deux informations erronées (comme quoi, rien ne vaut une source de première main):
- Chris Amon s'accroche très bien au wagon des leaders en début de course. C'est même Stewart qui fait le trou sur ses deux poursuivants.
- L'épisode décisif de la course (le dépassement de Wisell) ne se déroule pas dans l'Angulo mais dans le bas du circuit: Stewart fait l'extérieur dans Font del Gat, Ickx doit patienter jusqu'à la Pérgola.

Sinon, je ne me rappelais plus comment il était difficile de suivre les courses en noir et blanc. "La voiture gris moyennement clair vient de dépasser le véhicule gris foncé..."

[Critérium]

Retour en 1973...

Chez le John Player Team Lotus, la vedette s'appelle 72. Elle a révolutionné la F1 en 1970 avec sa ligne en coin et ses radiateurs reportés sur les flancs. Depuis, Colin Chapman la fait évolué par petites touches. des fois ça mache, des fois non... Nous avons laissé la version C à la dérive en 1971, la version D est devenue championne du monde en 1972 (des constructeurs et des conducteurs avec Emerson Fittipaldi). Maintenant c'est la 72E qui déboule à Montjuïc

avec Fittipaldi, bien-sûr, en n°1:


et "Super Swede", alias Ronnie Peterson, en n°2:

[Critérium]

Et le Brésilien fait honneur à son titre, d'abord avec deux victoires sud-américaines, ensuite avec un pilotage flamboyant. J'en veux pour preuve le nombre de photos "chaudes" (en plus de celle-ci aux essais) que j'ai pu retrouver de la Lotus n°1 à Montjuïc.

[Critérium]

L'Elf Team Tyrrell a certes perdu ses titres en 1972, mais son duo de pilotes est au top et la 006, étrennée dès la tournée nord-américaine de 1972, est en pleine forme. Jackie Stewart vient notamment de remporter le GP d'Afrique du Sud.

L'Ecossais porte le n°3:


François Cevert le n°4:

[Critérium]

Comme vous pouvez le constater, on décolle beaucoup sur le Rasante. Il faut dire que les vitessesont bien augmenté et que c'est désormais à 280km/h que la fameuse bosse est abordée. J'ai retrouvé ce schéma qui nous explique tout:


On voit également une caractéristique intéressante pour les vitesses de passages en virage: 75km/h pour l'Angulo, 90km/h pour la Rosaleda, 120/130km/h pour les "coins" du bas de la descente, 200km/h pour la Pérgola, 210km/h pour le Pueblo Español, 230km/h pour Sant jordi, 280km/h pour le Rasante... C'est un crescendo continu, une montée régulière en vitesse qui se brise tout à coup dans les 300m qui séparent le Rasante de l'Angulo. Certainement est-ce ce rythme énivrant qui plaisait tant aux pilotes.

[Critérium]

Le Yardley Team McLaren est en reconstruction sous la houlette du fidèle Teddy Mayer. Il a déjà réussi à piquer le sponsor de BRM (ce ne sera pas la dernière fois) pour orner les toutes nouvelles M23. C'est toujours ça de gagné...

Le n°5 revient au vétéran Denny Hulme:


Le n°6 à Peter Revson, héritier des cosmétiques Revlon:

[Critérium]

La Scuderia Enzo Ferrari Auto Corse (SEFAC), telle qu'on la dénommait officiellement à l'époque, a connu bien des vicissitude avec sa 312B2 totalement ratée. Il fallait des changements, ce qui signifiait à Maranello une révolution... Mais était-il indispensable de faire construire la 312B3 en Angleterre chez Thompson ? Les retards engendrés font que la nouveauté n'est prête que pour ce 4e GP de la saison, et encore en un seul exemplaire.

C'est la n°7 de Jacky Ickx:


Arturo Merzario (ici à Monaco) est officiellement engagé, mais il restera au chômage pendant encore 3 courses:

[Critérium]

C'est encore le temps des promesses pour le Brooke Bond Oxo Team Surtees, après la belle 2e place obtenue par Mike Hailwood au GP d'Italie l'année précédente. Mais la TS14A est sans doute une évolution trop timide.
Contrairement à toutes les voitures précédentes, c'est Firestone et non Goodyear qui chausse les Surtees.

Le n°9 revient à "Mike the Bike" (un champion du monde moto engagé par un autre champion du monde moto, ça au moins c'est original !):


Carlos Pace reçoit le dossard n°10:

[Critérium]

Et voici les March de Max Mosley, le même qui interdira aux BAR, un quart de siècle plus tard, de courir sous des couleurs différentes. Il faut croire que seuls les imbéciles ne changent pas d'avis puisqu'on retrouve ses deux 731 engagées sous deux bannières distinctes.

Le STP March Racing Team engage la n°11 d'Henri Pescarolo:


Mike Beuttler est enfin venu sur la n°12 du Clarke-Mordaunt-Guthrie Racing (ouf):


Pneus Goodyear pour Pesca, Firestone pour Beuttler.

[Critérium]

L'équipe Marlboro BRM arrive en force avec 3 exemplaires de la P160E équipés du V12 maison (et chaussés par Firestone).

On retrouve Clay Regazzoni sur la n°14:


Jean-Pierre Beltoise sur la n°15:


et Niki Lauda (ici au volant du mulet, reconnaissable avec la lettre T) sur la n°16:

[Invité]

Je suis loin d'être un spécialiste de la F1 (un "ignare" même serait le mot), mais je suis bluffé de la diversité des formes de chacune de ces F1 surtout quand ont regarde les F1 modernes. Je suis sûr que même si elles étaient toutes peintes en blanc, on les reconnaîtraient sans problème... Bon, c'est sûr que les heures passées en soufflerie par les teams actuels y sont pour quelquechose dans l'uniformité des robes de ces caisses mais la personnalité des machines en prends un coup...

De toutes façon, quoiqu'il se passe en F1, il y a un constante sur laquelle ont peut au moins se fier... C'est de la faute à Max et à Bernie...

[dom465]

Je suis loin d'être un spécialiste de la F1 (un "ignare" même serait le mot), mais je suis bluffé de la diversité des formes de chacune de ces F1 surtout quand ont regarde les F1 modernes. Je suis sûr que même si elles étaient toutes peintes en blanc, on les reconnaîtraient sans problème... Bon, c'est sûr que les heures passées en soufflerie par les teams actuels y sont pour quelquechose dans l'uniformité des robes de ces caisses mais la personnalité des machines en prends un coup...

De toutes façon, quoiqu'il se passe en F1, il y a un constante sur laquelle ont peut au moins se fier... C'est de la faute à Max et à Bernie...

C'est vrai. Et c'est d'ailleurs pourquoi les F1 des années 70 sont mes F1 préférées.
Pas de souffleries, pas, ou presque, d'ordinateurs. Ce sont les ingénieurs, devant leur table à dessin, qui peuvent encore se laisser aller librement au gré de leur imagination.
Le règne de l'inspiration pure, quoi. Et d'une ère aérodynamique encore balbutiante.
Quelle beauté dans ces lignes !
Quand à Bernie, avec tous ses défauts, n'oublions quand même pas que c'est lui qui a fait de la F1 un des sports les plus populaires et les plus médiatisés du monde.
Bon, pour le reste, c'est moins rose !

[Critérium]

Quand on parle du loulou...

La prochaine équipe est le Motor Racing Developments Ltd, pas encore renommé officiellement Brabham. Bernie en est propriétaire depuis moins de 2 ans, mais il a déjà réussi à en évincer Ron Tauranac qui en était l'âme et l'a remplcé, au point de vue technique, par le jeune Gordon Murray (il a utilisé entretemps Ralph Bellamy, l'intérimaire le plus célèbre de la F1 des années 70). Il faut croire que l'ingénieur sud-africain n'est pas iconoclaste puisqu'il remet au goût du jour les deux radiateurs frontaux imaginés par Tauranac l'Australien pour sa BT34 (aux pinces de homard). Sur la BT42 ils sont cachés par des persiennes. (pneus GoodYear)
Côté pilotes, Bernie lance la mode du Sud-Américain, doué au niveau du coup de volant comme du porte-feuille.

Sur la n°17 on retrouve Wilson Fittipaldi (vu ici à Monaco) qui souffre du syndrome Henning Solberg (il pense avoir tout appris à son petit frère, Emerson, mais se retrouve à des années lumières sur la piste...):


Plus de chance pour la n°18, puisqu'on y trouve Carlos Reutemann:


Une troisième voiture est engagée en n°21 pour Andrea de Adamich. Malgré le chèque des céramiques Pagnossin, l'Italien doit encore se contenter d'une BT37 (vue ici à Monaco):

[Critérium]

Pour ceux qui aimeraient savoir ce qu'est devenu Ron Tauranac, l'ami Australien que Jack Brabham avait fait venir en Europe pour développer les Cooper puis fonder sa propre écurie, il a ensuite été de l'aventure Token, avant de dessiner des monoplaces sous sa propre marque: Ralt.

[Critérium]

La grande attraction de ce premier GP européen de l'année est constituée par l'UOP Shadow Racing Team, la nouvelle équipe américaine qui vient de débuter à Kyalami.
D'américain elle a le directeur, Don Nichols, et un sponsor, Universal Oil Products, qui souhaite démontrer la bonne performance du carburant sans plomb en compétition (un annonceur vert avant l'heure). Mais l'équipe est basée en Angleterre et Nichols emploie une triplette brittone, Alan Rees au management, Tony Southgate à la technique, Jackie Oliver au pilotage, qui saura magnifiquement le trahir le moment venu.
Après un bon début en CanAm, l'équipe s'attaque à la F1 avec un châssis DN1 qui fait forte impression (pneus GoodYear).

Le n°19 revient à Jackie Oliver:


La n°20 est dévolue au champion CanAm George Follmer (qui a décroché 1pt pour son premier GP):

[Critérium]

Une autre équipe nouvelle aurait dû porter le n°22, mais l'Ensign N173 de Rikky von Opel (oui, c'est bien un héritier de la famille et il reste le seul représentant du Liechtenstein en F1) n'est pas prête. Elle apparaîtra au Paul-Ricard:


Avec la déco des Shadow on l'aurait prise pour la Batmobile...

[Critérium]

Frank Williams Racing Cars s'est liée, après de Tomaso, avec le constructeur Iso-Rivolta. On ne peut pas dire que l'association anglo-italienne aura été très heureuse...
Les Iso-Marlboro IR sont équipées de Firestone.

Howden Ganley porte le n°23:


Giovanni Giuseppe Gilberto alias Nanni Galli porte le n°24:

S'il s'était fait appeler 3G à la place de Nanni, il aurait été en avance sur son temps...

[Critérium]

Enfin, un dernier "petit nouveau" qui est en fait un grand ancien: Graham Hill saute le pas et a fondé le Embassy Racing. Il aligne à Barcelone, pour la première fois, une Shadow DN1 fournie en pièces détachées par l'équipe de Don Nichols. Elle chausse du GoodYear, comme les officielles.

Graham Hill, lui-même, pilote la n°25:

[Invité]

Tiens Crit', en fouillant sur le net, j'ai trouvé ça...


Je présume que tu connais mais je trouve cette aquarelle (ce lavis plutôt) magnifique.

[Critérium]

En-effet, on avait vu ça ici:
https://auto-passions.forum-actif.eu/t547p105-a-la-decouverte-des-circuits-de-legende-barcelone-montjuic

Dis-donc, un lavis c'est une aquarelle en N&B ? Un peu comme la peinture asiatique, donc.

[Critérium]

Au fait, pourquoi fouilles-tu sur le net à propos de Montjuïc ? Ma maladie serait donc-t-elle contagieuse ?

[Invité]

Non, je fouillais sur le net à propos de la Ferrari 312B... Et comme par hasard: BOUM! Montjuich!

[Invité]

Dis-donc, un lavis c'est une aquarelle en N&B ? Un peu comme la peinture asiatique, donc.

Non, un lavis, c'est une aquarelle avec une seule couleur mais comme souvent c'est le noir qui est utilisé, c'est vrai qu'on finit par faire l'amalgame...

Edit: Ceci dit, je viens de me rendre compte qu'il y a du rouge sur cette aquarelle donc... pô un lavis...

[Critérium]

Lavis n'est pas toujours si simple...

[Invité]

Lavis est surtout très froide....

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